Réflexion sur la Journée des droits des femmes

Cher.e.s ami.e.s des débats et des discussions, ce texte va vous ravir !
Il y a matière à discuter et, en interne, il a déjà fait polémique… Puisque nous nous voulons ouverts et diversifiés, tolérants et que nous donnons la parole à tous, le CHEL a pris la décision de publier ce petit texte avec l’accord de son auteure, sans toutefois partager entièrement les idées véhiculées. Un débat pourra être lancé par la suite, pour que chacun puisse donner son avis ! Il se trouve ICI…
Nous vous présentons donc le texte de Charlotte, qui poussait un coup de gueule au lendemain de la Journée des droits des femmes. Mais elle vous l’expliquera mieux que nous !
N’hésitez pas à donner votre avis et à débattre dans les commentaires tout en restant respectueux des idées de chacun et en n’incriminant personne.
Hier, sur Facebook, c’était la journée de la femme. Ah non, des DROITS de la femme. Ah non, des droits DES FEMMES… Toujours les mêmes statuts chaque année, comme si le débat était dans les mots qu’on emploie. Ça me déprimait, et j’ai essayé de ne pas y faire attention mais c’était dans ma tête, et depuis hier je n’arrête pas d’y penser. Dans « Journée Internationale des Droits des Femmes », il y a le mot « femmes » qui implique forcément que le projecteur soit pointé sur elles. Or, ce qu’on revendique, c’est l’égalité. L’égalité entre homme et femme, l’égalité entre tous. Bien sûr qu’il y a beaucoup plus d’inégalités défavorisant les femmes, et c’est peut-être pourquoi cette journée porte ce nom, mais l’inverse existe aussi, et ne pas mentionner ces injustices fait dévier le débat. J’ai entendu beaucoup de fois dire (télé, radio et autres – et pas uniquement par des hommes) : « Tiens, c’est la journée des femmes, honneur aux dames », ou « Puisque c’est la journée des femmes, je vais vous traiter comme une reine » et d’autres réflexions du genre. Mais non ! Pourquoi ? On ne veut pas être mises en avant, on ne veut pas être à l’honneur, on ne veut pas être traitées comme des reines. On veut être traitées comme des êtres humains au même titre que nos semblables êtres humains de sexe masculin, et vice versa, sans discrimination. Point. Mais la discussion va rarement aussi loin parce que l’on reste bloqué sur l’orthographe des mots et l’intitulé exact de cette journée. Et faire une journée des droits des femmes une fois par an pendant laquelle on se bat pour savoir si c’est grave de dire « de la femme » plutôt que « des femmes », c’est épuisant.
« Nommer c’est exclure », une amie m’a dit ça hier, et je trouve que ça résume parfaitement ce que je viens de dire. Alors j’ai pensé qu’au lieu de faire une journée des droits des femmes, qui pose pas mal de problèmes de compréhension, ce serait plus clair de faire une journée des droits des humains, sans aucun caractère physique mentionné, sans un seul mot genré dans le titre. Juste une journée des droits des humains où tout le monde serait sur le même pied d’égalité et où le(s) débat(s) pourrai(en)t vraiment avoir lieu, sans qu’aucun « groupe » de personnes ne soit marginalisé ou posé en victime ou mis en avant. Et puis j’ai pensé : « Mais ça existe déjà ! ».
La Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Je me suis demandée, tiens, qu’est-ce qu’il y a là-dedans ?! On en parle tout le temps mais qui, des personnes que je croise ici, l’a vraiment déjà lue ? Alors je l’ai lue. 30 petits articles, 30 beaux petits articles. Saviez-vous qu’en Belgique (je pourrais tout aussi bien dire « en Europe »), en 2017, avec toutes nos connaissances, toutes nos technologies, toutes nos avancées, tout notre argent… avec le niveau d’évolution qu’on a atteint, on n’est pas capables, depuis 1948, de respecter certains de ces 30 articles des droits FONDAMENTAUX de l’Homme dans notre pays ? Ça me donne envie de pleurer. On est tellement moins évolués que je croyais, tellement loin du but.
On a l’impression qu’il y a mille combats à mener aujourd’hui, tellement qu’on ne sait plus où donner de la tête. La communauté LGBTQ, l’égalité des sexes, le respect des animaux, pour n’en citer que quelques-uns… Si on se concentrait uniquement sur la déclaration des droits de l’Homme qui rassemble tout le monde (et celle des animaux pour le coup, parce que oui, elle existe), si on arrivait à se rassembler TOUS ENSEMBLE pour la même cause, pour la faire respecter, purée on aurait tellement moins de problèmes… Ça me tue. On est épuisé, on est démoralisé et on se sent impuissant parce qu’on est submergé par ces différentes formes d’injustice qu’on nous fait ressentir tous les jours. Alors qu’au final, on est tous des humains et qu’il n’y a qu’un seul combat à mener.
Je rêve du jour où les hommes marcheront au même nombre que les femmes aux « Women’s March », je rêve du jour où une majorité de Blancs se sentiront assez concernés pour aller crier leur sentiment d’injustice dans les manifestations du mouvement « Black Lives Matter ». Mais surtout je rêve du jour où tous les êtres humains du monde entier qui se sentent concernés par le fait d’être un être humain se réunissent et luttent pour le respect de ces 30 putains d’articles dans le monde. La différence est censée être notre force et à la place elle nous divise. Je ne l’ai jamais ressenti aussi clairement qu’hier, et c’est quelque chose que je refuse d’accepter.
Charlotte de Beul, 9 mars 2017